J’écoute la chaine satellite de NHK, la BS1, qui fait son beurre de la rediffusion des journaux d’info du monde entier en très court différé. Cela met dans l’oreille beaucoup des langues du monde, et quand on n’écoute pas, on se surprend à comprendre ce que la commentatrice, qui assure le fil de l’émission, dit en Japonais ou le présentateur de TVE en espagnol. C’est comme ces mouvements qu’on détecte du coin de l’oeil, presqu’inconsciemment, et qu’une séance d’hypnose peut ramener au premier plan de la conscience – dans les polards.
D’un seul coup, surgit une explosion de sens, c’est France 2 ou CNN qui prennent l’antenne. Puis on sombre dans des indications génériques : çà c’est du chinois, du russe, du coréen, de l’arabe… Et dans ce bruit, qui est comme de la musique, comme si j’avais mon iPod vissé dans les oreilles, surgit un mot qui est le même dans toutes les langues… OBAMA.
« America no Obama daitoryo wa »… Il est partout. Je l’ai même écouté en direct, dans mes réveils insomniaques de décalé horaire, parlant de l’Afganistan, tellement plus clair, plus convaincant, plus articulé, plus pédagogue que le taureau Sarko – dans le genre grand messe de Saint Quentin en début de semaine… avec Hillary toute raide et silencieuse à ses côtés.
Obama, obama, obama, comme un mantra boudhique que la presse mondiale répète pour conjurer tout ce qui va mal. On ne peut pas la soupçonner cette fois de faire son bonheur du malheur du monde, puisqu’elle joue plutôt les médecins sorciers, avec des incantations qui ne guérireront pas moins que le monde entier. Obama sert même ici à des leçons d’anglais à la télévision – on est au Japon, tout est prétexte à apprendre et à s’amélorier !, comme ce petit reportage sur ses town hall virtual meetings, qui passent en boucle, brut de coulée, puis avec la traduction en japonais, puis avec des sous-titres en anglais… Il s’agit de franchir la barrière de la presse et de faire de la démocratie directe grâce à internet, qui a apporté les questions et permis de choisir les citoyens, assis gentiment autour de lui.
Entre Obama et Sarko, nous avons l’embarras du choix des messies et des sauveurs. Comme l’église et son chef suprême manquent des marches par les temps qui courent, la relève est là ! ???
Je ne peux m’empêcher de parler de l’évêque d’Orléans, devenu célèbre cette nuit jusqu’en nipponie, pour avoir expliqué que le virus du sida passe dans les pores du caoutchouc des préservatifs. La parole devient grâce à lui un péché capital, cela va en faire huit ! Le péché de parler sans savoir, d’expliquer ce qu’on n’a pas compris, de n’avoir rien compris en fait et se contenter de mots qui volent mais ne font que du bruit, peuplés seulement de préjugés, d’idées fausses, d’une absence complète d’analyse de la façon dont le monde fonctionne autour de nous…! On parle d’analphabétisme, d’incompréhension des mots imprimés et écrits, parfois d’incompréhension du monde des chiffres (par les banquiers, pour commencer !), là on est dans l’incompréhension de la physique élémentaire, d’un peu de biologie. Lecture obligatoire de la Recherche et de Scientifc American pour passer le brevet d’évêque !!!
L’autre impression qui se dégage de ce zapping des news du monde entier, ce sont les catastrophes naturelles, qui inondent Fargo dans le Dakota du Nord, la sécheresse en Inde, les tempêtes de neige dans le Colorado. On n’a peut-être plus de mou par rapport à la crise du réchauffement global, du changement climatique ? La crise actuelle et la crise à venir sont peut-être confondues ? Liées ? Les manchots auront disparu en 2100, dit Science et Avenir. Les pergélisols larguent beaucoup plus de méthane qu’on ne le croyait (il n’y avait jusuq’à récemment que 5 études disponbiles !!! où on n’avait creusé le sol que de 20 cm !!!) et c’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le réchauffement se produit plus vite que les modèles les plus sévères de l’IPCC ne le prédisaient…
Alors acccrochons-nous aux valeurs durables. Le Japon est toujours aussi fasciné par la langue française, au point de s’en servir dans ses marques. Dans mon hôtel, le Marunouchi Hotel (c’est le nom du quartier où il est situé) a deux restaurants appelés la pomme d’Adam (bizarre, non, çà me penser à goitre, glande thyroïde, rien de très salivant…!), et le Connaisseur… Au sous-sol, something rouge… Les boutiques de vêtements, avec de jolies couleurs subtiles comme les aiment Mélissa ou Kathie, aussi « comme ci, comme çà…; ». Le truc le plus furieusement tendance, qu’on trouve chez Maruzen, c’est un bloc de papier Rhodia, made in France ; il y a des modèles décorés de taches de couleurs, le prix justifiant une telle débauche, et de très petit blocs, jamais vus dans l’hexagone ! Le nanobloc, pour des nanojaponais, des hommes qui rétrécissent, ce qui résoudrait une fois pour toutes les questions démographiques et la pénurie de ressources naturelles, n’est-ce pas ?
Je vais aller explorer la ville pour y dénicher des cerisiers en fleurs. S’il y en a, je les trouverai !
Cet après-midi et ce soir, je suis au turbin. Le voyage a eu beau être gratuit, en première bien sûr, çà a beau être le week-end, le devoir et le travail sont aussi des valeurs durables, LOL!
PS.
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